Les images sont impressionnantes. Un bus incendié et des jets de cocktail Molotov, voilà ce à quoi la police de Belfast à dû faire face dans la nuit de mercredi à jeudi. Hier soir, de nouveaux heurts ont même poussé les forces de l'ordre à utiliser des canons à eau. Ces heurts surviennent après une semaine d'émeutes qui ont notamment eu lieu dans des quartiers loyalistes de la capitale nord-irlandaise et qui ont fait plus de 50 blessés au sein de la police.
Avec 600 personnes impliquées, dont certaines dans l'attaque d'un photojournaliste du Belfast Telegraph, il s'agit de la plus grande vague de violence depuis des décennies selon la police. Boris Johnson et la première ministre nord irlandaise Arlene Foster ont tous deux condamnés ces violences.
Le cœur du problème: le Brexit
Alors pourquoi autant de violence en si peu de temps? L'élément déclencheur semble avoir été les funérailles d'un ancien membre de l'IRA, l'Armée Républicaine Irlandaise, auxquels ont assisté des personnalités politiques sans respecter les gestes barrière liés au Covid. Au-delà du non respect des règles sanitaires, la justice nord irlandaise à décider de ne pas poursuivre les personnes concernées.
Mais le cœur du problème vient du Brexit. Le Royaume-Uni a quitté l'Union Européenne le 31 décembre dernier et se trouve maintenant en période dites de transition. Mais afin d'éviter une frontière physique entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, cette dernière reste dans l'Union douanière et le marché unique européen.
Au moment des négociations du Brexit, Boris Johnson avait promis qu'il n'y aurait pas de contrôles entre les deux côtés de l'île. Et pourtant en signant le "Protocole nord irlandais", des contrôles douaniers ont maintenant lieu dans les ports d'Irlande du Nord pour les marchandises venant du reste du Royaume-Uni. Une situation jugée inacceptable par les loyalistes, fidèles à Londres et pour l'unité du pays.
Mais au-delà du Brexit, la crise pourrait être plus profonde. Depuis 2017, les unionistes ont perdu leur majorité à l'assemblée du pays. Enfin pour la première fois lors des élections de 2019, plus de députés nationalistes - favorables à l'Union avec la République d'Irlande, ont été envoyés à Westminster que d'unionistes. Quelle que soit la raison qui pousse à tant de violences, une chose est sûre. Cela rappelle à tous les périodes des " Troubles " qui ont duré 30 ans entre républicains et unionistes qui ont fait plus de 3.500 morts.