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/ La lutte contre la Covid en Ukraine

Chronique

La lutte contre la Covid en Ukraine

En queue de peloton dans la course à la vaccination en Europe, l'Ukraine peine à surmonter le scepticisme de ses habitants. Le pays connaît un nombre record d'infections et un taux de mortalité de près de 600 personnes par jour en moyenne. Par une série de nouvelles mesures, le gouvernement cherche à changer la donne. Mais entre corruption et méfiance envers l'État, ce n'est pas simple - la chronique de notre correspondant Gulliver Cragg.



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3 min

À l'entrée de la gare de Vinnytsia dans le centre de l'Ukraine, un panneau : "Ici, on vaccine contre le Covid." Un petit questionnaire à remplir, pas besoin de passeport ni de carte de séjour, je suis troisième dans la file d'attente, et en moins de dix minutes, j'ai eu ma première dose de Pfizer.

Seuls 17% ont reçu deux doses du vaccin

Si en début d'année, l'Ukraine peinait à obtenir suffisamment de doses de vaccin anti-covid, aujourd'hui ce problème est résolu. Les passagers à Vinnytsia ont le choix entre trois vaccins, et des centres similaires ont ouvert dans une vingtaine de gares du pays.

Avec de nouvelles mesures qui interdisent de voyager en train sans certificat de vaccination ou test négatif, le dispositif s'inscrit dans un plan plus global. Le but pour les autorités ukrainiennes: faire enfin vacciner la population.

Pour l'heure, les chiffres sont mauvais: seuls dix-sept pourcents des Ukrainiens ont reçu les deux doses du vaccin. Selon un sondage réalisé en septembre, 56% n'ont en revanche aucune intention de le faire.

En cause: la peur d'effets secondaires, des théories du complot farfelues, ou encore tout simplement la méfiance envers l'état.

Face à cela, l'État a rendu le vaccin obligatoire pour toute une série de métiers, dont les enseignants. Mais pas, paradoxalement, pour le personnel médical.

Si ses membres sont aujourd'hui vaccinés à plus de 80%, selon le ministère de la santé, leur réticence très publique au début de la campagne de vaccination a sans doute contribué à répandre le scepticisme. Pour vous citer encore mon exemple, un traitement pour une tendinite en avril m'a permis de constater qu'aucune infirmière de ma clinique à Kiev n'avait accepté le vaccin.

Le marché noir prospère

Pour certains médecins, cette réticence est même une aubaine: le marché noir de faux certificats de vaccination en Ukraine prospère depuis fin aout, quand l'UE a décidé - imprudemment peut-être - de reconnaître les certificats ukrainiens comme une preuve d'immunité pour les voyageurs.

Pour moins de cent dollars on peut non seulement se procurer un faux certificat, mais même se faire inscrire dans le registre officiel national des vaccinés. Si le ministère de la Santé ne donne pas d'estimations quant au nombre de faux certificats en circulation, le ministre de l'intérieur, lui, a annoncé que plus de 800 personnes sont actuellement poursuivies pour utilisation ou fabrication de faux certificats.

Parmi elles, l'ex-députée et pilote militaire Nadia Savchenko, capturée par les forces russes en 2014. Érigée en héroïne nationale pendant sa détention, elle a été libérée en 2016. Depuis, elle est tombée bien bas: elle a été arrêtée la semaine dernière à l'aéroport de Kiev en tentant de voyager avec un faux certificat.

Dans ce contexte peu encourageant, une ville fait exception. À l'hôpital de Morshyn, station thermale des contreforts des Carpates, dans l'ouest du pays, il n'y a pas un seul patient malade du Covid. Les trois quarts des six mille habitants de la ville sont vaccinés.

Au mois d'avril, alors que l'Ukraine manquait encore de doses et les distribuait uniquement à certaines catégories professionnelles, le ministère de la santé a décidé qu'à titre expérimental, à Morshyn le vaccin serait d'ores et déjà disponible pour tout le monde. Face au scepticisme de la population, la mairie s'est mobilisée. elle a constitué une équipe pour appeler au téléphone et convaincre un par un les habitants.

Résultat, aujourd'hui l'internet ukrainien regorge de blagues sur une ruée vers Morshyn, seule ville saine du pays... et on se demande si le marché de l'immobilier local en profitera.