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/ Le plan européen pour exfiltrer le blé ukrainien

Sécurité alimentaire

Le plan européen pour exfiltrer le blé ukrainien

Trois mois que l'Ukraine est en guerre et les prix de l'énergie continuent d'augmenter, les engrais et la nourriture pour le bétail se font plus rares et plus chers. Le secteur agricole est sous pression et les précieux stocks ukrainiens de blé, de maïs et d'huile de tournesol sont désormais détruits où coincés en Ukraine. L'ONU redoute "un ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial". Au niveau européen on ne s'affole pas, mais on s'organise.

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Foto: Bigstock / elenathewise

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Au sein des institutions européennes, l'heure n'est pas encore à la panique. "Grâce au marché unique et à la politique agricole commune (PAC), l'Union européenne est largement autosuffisante pour la plupart des produits agricoles de base et les approvisionnements alimentaires ne sont pas menacés", indique une note communiquée mardi 24 mai aux ministres européens de l'agriculture réunis à Bruxelles.

La montée en flèche des prix de l'énergie - estimée à 5,1 pourcent pour 2022 -, l'augmentation de 225 pourcent du prix des engrais depuis mars 2020, ou encore la réduction des importations de maïs, de blé, d'huile de colza et de tournesol, et de farines en provenance d'Ukraine, se font toutefois sentir sur les exploitations agricoles européennes.

Le secteur est soumis à une pression intense, qui se répercute sur les prix à la consommation. Ces prix devraient augmenter de près de 6 pourcent au total cette année, toujours selon cette note. Les ménages à faibles revenus en seront les premières victimes.

Les dirigeants européens sont par ailleurs bien conscients que dans le reste du monde la situation est grave. "Catastrophique" même, alerte le Programme alimentaire mondial de l'ONU.

"Voies de solidarité"

Présente au Forum économique mondial de Davos, mardi 24 mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rappelé que l'UE travaillait à acheminer les céréales bloquées en Ukraine vers les marchés mondiaux:

"Il y a actuellement 20 millions de tonnes de blé bloquées en Ukraine. L'exportation habituelle était de 5 millions de tonnes de blé par mois. Elle n'est plus que de 200.000 à 1 million de tonnes. En le faisant sortir, nous pouvons fournir aux Ukrainiens les revenus dont ils ont tant besoin, et au Programme alimentaire mondial les produits dont il manque cruellement."

Pour faire sortir les céréales ukrainiennes, mais aussi importer l'aide humanitaire ou les engrais dont le pays a besoin, la Commission européenne entend mettre en place ce qu'elle appelle des "Solidarity Lanes", ou "voies de solidarité". Il s'agit d'aménager des itinéraires alternatifs reliant l'Ukraine à l'UE via la route et le rail - puisque la Russie bloque des navires ukrainiens en Mer Noire et que l'aviation civile ukrainienne est immobilisée.

Le projet dévoilé le 12 mai dernier a été présenté en détail mardi aux ministres européens de l'agriculture, qui lui ont réservé un bon accueil.

Défi logistique

Le ministre luxembourgeois Claude Haagen a notamment salué l'initiative: "Mais certaines modalités doivent encore être réglées. Je note toutefois un consensus au sein des États concernant la marche à suivre", a-t-il indiqué à la radio 100,7 mardi, en marge de la réunion.

Les "voies de solidarité" représentent en effet un défi logistique de taille. Les écartements des rails, par exemple, diffèrent entre l'Ukraine et l'UE, les wagons ukrainiens ne sont donc pas compatibles avec le réseau ferroviaire européen et des solutions de transbordement devront être mises en place aux frontières.

Pour garantir la bonne coordination de l'ensemble de l'opération, la Commission a demandé à chaque État membre de se choisir un référent.

Pas encore de détails quant au rôle que jouera précisément le Luxembourg dans le projet. Mais le pays, a poursuivi Claude Haagen, soutient complètement cette initiative et fera son possible pour contribuer à la mise en œuvre. Une mise en œuvre dont le ministre ne doute pas qu'elle pourra intervenir à court terme.

"La faim comme une arme"

Son homologue allemand, Cem Özdemir, a lui aussi salué l'initiative dès son arrivée à Bruxelles mardi, appelant "la Commission et les États-membres à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour aider aussi les pays limitrophes, afin que cela se fasse rapidement et sans bureaucratie".

"Nous sommes confrontés à une sorte de guerre du blé menée par Poutine, qui utilise délibérément la faim comme une arme. Et cela s'ajoute aux terribles crimes contre l'humanité qu'il commet en Ukraine", a déclaré Cem Özdemir.

Le sujet fera de nouveau l'objet de discussions à Bruxelles dans quelques jours. Les chefs d'État et de gouvernements des États membres seront dans la capitale belge lundi et mardi prochain et la sécurité alimentaire figure à l'ordre du jour de leur réunion.

Selon un projet de conclusions publié dans la presse, les Vingt-sept devraient à leur tour assurer la Commission de leur soutien et demander la mise en œuvre rapide des "voies de solidarité".