C'est une simple lettre, mais qui change tout. Une lettre envoyée par Pedro Sánchez, au roi du Maroc Mohammed VI. Dans celle-ci, le premier ministre espagnol dit soutenir le projet d'autonomie du Sahara occidental proposé par le Maroc.
Un pas que fait l'Espagne vers son voisin, et qui rétablit des relations diplomatiques beaucoup plus cordiales.
Le Sahara occidental: une zone disputée
Il faut savoir que le Sahara occidental est un territoire qui se situe entre le Maroc et la Mauritanie. Une frange entre le désert et les Îles Canaries que l'Espagne a occupée de 1884 à 1976.
Depuis, le Front Polisario a déclaré la région comme une république indépendante, et contrôle une petite partie du territoire.
La majeure partie est dirigée par le Maroc, mais le Sahara occidental reste une zone disputée.
Le leader du Front Polisario en Espagne
Jusqu'à vendredi dernier, la position de l'Espagne vis-à-vis du Sahara Occidental était de suivre les déclarations de l'ONU, qui réclame un référendum d'autodétermination, ce que le Maroc refuse.
Un point noir dans les relations diplomatiques entre les deux pays, d'autant plus que le gouvernement espagnol avait accepté d'accueillir le leader du Front Polisario, en avril dernier.
Le chef du groupe opposé au gouvernement marocain et allié de l'Algérie avait été admis dans un hôpital espagnol, alors qu'il était malade du Covid-19.
Une vague migratoire
Un acte grave, pour le Maroc, qui a eu des répercussions. L'événement s'est suivi d'une forte vague migratoire entre les deux pays.
En seulement quelques jours, 9.000 migrants ont traversé la frontière marocaine pour se réfugier dans l'enclave espagnole de Ceuta.
Dans ce contexte, le rapprochement tout récent entre les deux pays pourrait garantir à l'Espagne une limitation des flux migratoires venant du Maroc.
Un rapprochement vu d'un très bon œil par la Commission européenne qui encourage les relations entre ses états membres et le Maroc, à l'exemple de la France ou de l'Allemagne.
L'Algérie soutient le Front Polisario
Oui, mais voilà : s'il y a bien un pays qui ne suit pas le Maroc sur son plan d'autonomie du Sahara occidental, c'est bien l'Algérie. Le pays soutient le Front Polisario et réclame un référendum, alors que le Maroc propose depuis 2007 une autonomie contrôlée de la région au lieu d'une indépendance.
Le Sahara occidental aurait ses propres organes exécutif, législatif et judiciaire, selon le projet, mais il resterait sous domination marocaine, et les sujets comme la défense, les relations extérieures ou la religion reviendraient au Maroc.
Et ce rapprochement entre les deux pays, l'Algérie n'en avait pas été mise au courant. Et cela pose un véritable problème, étant donné la situation, puisque l'Algérie fournit actuellement du gaz à l'Espagne.
C'est d'ailleurs son deuxième plus gros client, après l'Italie. Un gaz qui permet à l'Espagne de conserver plus d'autonomie que le reste de l'Europe, fortement dépendante du gaz russe.
C'est donc un revirement diplomatique d'ampleur, et qui tombe justement durant la tournée du Premier ministre espagnol à l'étranger. Il cherche des soutiens pour revoir les prix de l'énergie en Europe, face à la crise liée à la guerre en Ukraine.
