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Deborah De Robertis - Le sexe-caméra
Deborah De Robertis - Le sexe-caméra
"Comment comprendre le travail de l'artiste italo-luxembourgeoise la plus controversée du moment ? Qui est cette Deborah De Robertis, dont tout le monde parle et qui fait le buzz sur les réseaux sociaux ? [...] et surtout : pourquoi fait-elle ce qu'elle fait ?" [...] Deborah De Robertis, dans une tradition d'artistes féministes depuis les années 1960/70, n'accepte plus le rôle octroyé aux femmes dans le monde des arts. [...] [Elle] incarne une forme contemporaine de "empowerment" des femmes, car c'est elle qui juge, qui décide et qui agit. [...] Elle n'est plus dans la réaction mais s'impose, en tant qu'artiste, en tant que femme, dans l'Histoire, elle participe à son écriture. [...] [De Robertis] dévoile[...] son sexe [...] pour dénoncer le regard que porte la société sur les femmes et elle continuera à le retourner. "
Lors d'une manifestation de l'IPW-Institut Pierre Werner, mercredi le 23 octobre, l'artiste elle-même, Geneviève Fraisse et Ainhoa Achutegui ont discutées son œuvre. Enregistrement: IPW / Montage: Carlo Link.
Ainhoa Achutegui / Deborah De Robertis / Geneviève Fraisse © Carlo Link
Biographie des intervenants:
Née en 1984 au Luxembourg, Deborah De Robertis est une artiste performeuse et vidéaste. Ses performances consistent à repenser des figures féminines faisant partie de notre imaginaire collectif. Elle réinterprète des œuvres majeures de l'histoire de l'art, notamment, afin de constituer une recherche sur le point de vue du modèle féminin. Diplômée à l'École de recherche graphique de Bruxelles, elle est désignée en 2013 par le ministère luxembourgeois de la Culture pour une résidence d'artiste en France. Depuis, elle travaille entre Paris, Bruxelles et Luxembourg.
En 2014, elle a exposé son sexe sous "L'Origine du monde" de Gustave Courbet au Musée d'Orsay, qui a porté plainte pour exhibition sexuelle. L'artiste dénoncera une censure de ce qu'elle définit comme le "point de vue du modèle nu féminin" ou "l'œil du sexe". Cette recherche conceptuelle porte sur ce regard non pas dirigé sur la nudité mais exprimé par le nue féminin, une position que la philosophe Geneviève Fraisse décrit aujourd'hui plus largement comme le "Corps qui regarde" du point de vue historique.
Plus précisément, le travail de De Robertis part du Constat du "point de vue" inexistant de "l'origine du monde": en ouvrant son sexe, elle dit "c'est le sexe qui regarde".
Ainhoa Achutegui, née en 1978 à Caracas (Venezuela), a fait des études de philosophie et de théâtre à l'Université de Vienne, puis deux post-graduates en gestion de projets et projets culturels. Pendant et après ses études, elle a travaillé pour des projets de cinéma, théâtre et danse. En 2004, elle devient directrice artistique de la section danse et théâtre de la WUK (Werkstätten und Kulturhaus) à Vienne. Après s'être installée au Luxembourg, elle devient en 2006 directrice artistique du Centre des Arts Pluriels (CAPe) d'Ettelbruck. Depuis 2014, elle est directrice générale du CCR Neimënster et, depuis 2015, présidente à titre bénévole du Planning Familial a.s.b.l.
Geneviève Fraisse, née en 1948 à Paris, est une philosophe, politicienne et historienne française. L'ancienne directrice de recherche au CRNS (Centre national de la recherche scientifique), se penche sur le discours controversé de sexes du point de vue epistémologique et politique. Son travail s'oriente autour de trois thèmes: généalogie de la democratique, emancipation et sexe/genre. En septembre 2019, son livre "La Suite de l'Histoire, Actrices, créatrices", traitant sur les femmes artistes, est paru aux Editions du Seuil.
Ainhoa Achutegui, "Le corps révolutionnaire qui regarde. L'œuvre de Deborah De Robertis", Forum 396 (Juin 2019), p. 38-42