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/ De Bertrand Tavernier iwwer klassesch Western-Romaner

Literatur

De Bertrand Tavernier iwwer klassesch Western-Romaner

De franséische Filmregisseur leet bei den Editions Actes Sud eng Kollektioun vu Klassiker aus der Western-Literatur. Um Festival Étonnants voyageurs zu Saint-Malo huet de Michel Delage mam Bertrand Tavernier iwwer dee Genre geschwat.

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5 min

Michel Delage: Bertrand Tavernier, vous dirigez une collection de westerns aux Editions Actes Sud. Quelle est la démarche que vous poursuivez?

Bertrand Tavernier: J'avais acheté un certain nombre de ces romans en anglais, je les adorais, et je constatais qu'ils n'étaient pas traduits en français - je ne comprenais pas pourquoi ... Je me suis battu pour qu'ils soient traduits et Actes Sud a accepté de jouer le jeu. On a dû sortir maintenant près de 20 titres qui sont tous des romans formidables!

Presque 90% sont inédits, ils sont traduits pour la première fois. Ils ont révélé des auteurs que personne n'avait analysés - Ernest Haycox, Luke Short ... -, fait découvrir J.R. Guthrie et tout le cycle de "The Big Sky", qui avait obtenu le Prix Pulitzer aux Etats-Unis mais qui était resté inédit en France, quatre romans extraordinaires qui sont des romans écologiques bien avant que ce soit la mode. Le dernier qu'on fait paraître, c'est un très très beau livre de Niven Bush ("Les Furies").

"Une bataille entre différentes ethnies"

Et on a fait connaître aussi l'autre aspect de W.R. Burnett, qui était connu pour ses romans policiers, ses romans noirs. On a déjà publié une partie - il y en a d'autres encore à paraître - de ses romans westerns. Il y en avait deux qui figuraient parmi ses livres favoris, dont "Terreur apache". Il disait: "c'est le meilleur livre que j'ai écrit". Ce n'est pas "Le Petit César" (Little Caesar) ou "Quand la ville dort" (Asphalt Jungle), tous ces romans qui ont fait le bonheur des aficionados de la Série noire.

Lui, il disait: "Ce que j'ai écrit de mieux, au point de vue style, au point de vue approche, ce sont les romans que j'ai écrits sur le sud-ouest". Et quand on lui disait: "Mais vous étiez un reporter, vous vous intéressiez au monde criminel, à Chicago", il disait: "C'est très simple. Le sud-ouest, c'est la même chose: c'est une bataille entre différentes ethnies. Dans les rues de Chicago, c'était les Irlandais contre les Juifs et les Italiens, et là c'est les Irlandais contre les Mexicains contre les catholiques contre les Indiens ... C'est exactement pareil! Il y a les mêmes préjugés, le même racisme, la même violence. Quand vous comprenez ce qui se passe dans les rues de Chicago, vous comprenez ce qui se passe dans le sud-ouest.

Il y avait pas mal d'auteurs de polars à l'époque qui écrivaient des westerns. Je pense, par exemple, à Elmore Leonard ...

Elmore Leonard a commencé par le western, avant d'aller vers le polar! Tandis que Burnett a alterné. Son premier roman western, "Saint Johnson", qui est sur OK Corral, est quasi contemporain du "Petit César". Luke Short, pour sa part, écrivait des westerns très dépouillés qui sont fortement influencés par le film noir.

Donc, voilà, j'ai voulu révéler ces auteurs, montrer que ce n'était pas de la littérature "pulp", que ce n'était pas de la prose pour adolescents attardés, que c'était des grands livres, profonds, complexes, violents, qui parlent de sujets extrêmement importants: le contrôle des armes à feu, les problèmes interraciaux, le problème de la loi et de l'ordre, le problème de la destruction de la nature, et le thème qui hante Guthrie qui n'arrête pas de dire dès 1947: "nous avons détruit le Paradis ..."

Le western, en tant que genre littéraire, n'a jamais vraiment pris chez nous. Pourquoi?

Il n'y a pas que le western! Une grande partie de la littérature "populaire" a souvent été méprisée. Robert L. Stevenson paraissait dans des éditions tronquées. Il a fallu Michel Le Bris pour faire révéler énormément d'écrivains maritimes, des auteurs de romans d'aventure ou des romans sur la marine anglaise (C.S. Forester, Alexander Kent) ... Tous ces livres-là n'étaient pas considérés, et pourtant ce sont souvent de très très beaux livres. Et c'est grâce à lui qu'on a enfin eu des éditions sérieuses de Stevenson et de Jack London, par exemple.

Vous-même, en tant que cinéaste, vous ne vous êtes jamais vraiment aventuré dans le western ...

C'est un genre américain ... J'ai eu une fois un projet d'un western que je n'ai pas pu faire, que je voulais tourner au Canada - je ne suis pas sûr que c'était une bonne idée de le faire là-bas ...

Que pensez-vous alors du film de Jacques Audiard, "Les Frères Sisters"?

Ah, je le trouve trés bien! Très bien! Mais lui a réussi à passer, moi j'ai pas ... Il a adapté un bon roman qui a été traduit en français ["The Sisters Brothers", Patrick deWitt, md].

Les romans que vous publiez dans votre collection chez Actes Sud ont-ils tous été à la base de films?

Presque tous. Et certains de grands films. "La Captive aux yeux clairs" (J.R. Guthrie), "Les Furies" (Niven Bush), "Saint Johnson" (W.R. Burnett) a donné "Law and order" [vum Nathan Juran, mam Ronald Reagan an Dorothy Malone, md], les deux Luke Short, "Ciel rouge" et "Femme de feu", c'est des très très bons films. "L'Aventurier du Rio Grande" (d'après le roman de Tom Lea), c'est un chef-d'oeuvre! Il y en a beaucoup qui ont donné lieu à des grands films, d'autres pas, d'autres ont été massacrés ("Des Clairons dans l'après-midi", Ernest Haycox), et "La Route de l'Ouest" aussi, c'est un massacre! C'est un film complètement nul... enfin ... c'est un film d'une convention et d'une mollesse incroyables ...

Là on parle de romans qui était à l'origine de scénarios et non l'inverse, parce qu'il existe aussi des novélisations de scénarios ...

Ici on n'a aucune novélisation. Tout ça, ce sont des romans qui ont été adaptés. Par exemple "Les Passage du canyon" d'Ernest Haycox, qui a donné lieu à un western génial de Jacques Tourneur.

De Bertrand Tavernier um Festival "Etonnants voyageurs" zu Saint-Malo