Le projet avait été lancé en 2013 mais les travaux avaient été arrêtés après de vives protestations des écologistes, des problèmes de financement mais aussi parce que la France n'a jamais vraiment soutenu l'idée.
La Commission européenne avait de son côté estimé que cette connexion, d'un budget d'un demi-milliard d'euros, ne serait ni rentable ni indispensable.
Pourtant avec six grands ports méthaniers, l'Espagne dispose du réseau le plus important d'Europe pour réceptionner et distribuer le gaz qui arrive en bateau d'Algérie, des États-Unis et du Nigeria. Mais avec à ce jour seulement deux petites connexions avec les gazoducs français, au Pays Basque et en Navarre, elle ne peut pas vraiment en faire profiter ses voisins du nord de l'Europe.
"La situation a changé d'un seul coup"
Le gouvernement espagnol défend donc la reprise du projet Midi-Catalogne, qu'il voudrait voir financé par des fonds européens. Il est rejoint par de nombreuses institutions, et notamment la région de Catalogne, où se dérouleraient les travaux. Pere Aragonès est le président catalan:
"La situation a changé d'un seul coup. Les mesures à moyen et long terme sont donc nécessaires. Des mesures d'auto-suffisance énergétique, donc une accélération dans le domaine des énergies renouvelables et une amélioration des connexions avec l'Europe. Et il faudra reprendre des projets comme le Midi-Catalogne, qui pourra aussi servir pour transporter de l'hydrogène plus tard."
Côté espagnol donc, reprendre le projet devrait être une priorité. Le chantier est déjà à moitié fini et il faut en profiter selon Josep Sánchez, président du syndicat des patrons catalans Foment:
"C'est très important que le gouvernement espagnol reprenne les négociations avec la France et qu'on lance la construction de cette la connexion gazière entre l'Espagne et les Pyrénées qui est paralysée et qui a simplement besoin de la construction d'environ 200 kilomètres de gazoducs."
Nécessité de reprendre les négociations avec la France
Comme vient de le préciser Josep Sanchez, il faudra tout d'abord reprendre les négociations avec la France, qui ne s'est jamais montrée ni enthousiaste ni coopérative à l'idée d'importer du gaz via l'Espagne. Pour l'ingénieur José Maria Paz, qui était secrétaire général du fournisseur espagnol de gaz Fenosa à l'époque du lancement du Midi-Catalogne, la clé sera donc la volonté politique européenne.
"Pour ce projet, il faut une volonté politique et elle n'est pas évidente. Surtout de la part de la France. Ce qui pourrait être fait, c'est de profiter au maximum des infrastructures existantes, ce serait bien. Construire une nouvelle infrastructure coûteuse, je n'y crois pas trop."
En tous cas, si ce gazoduc peut faire partie de la solution pour échapper à la dépendance au gaz russe, il ne réglera pas le problème immédiatement. On estime qu'il faudra entre deux et trois ans pour terminer les travaux.