C'est la goutte d'essence qui a fait déborder le vase. La hausse affolante du prix du carburant a fait descendre dans la rue des milliers des camionneurs depuis le 14 mars.
Et c'est non seulement les routiers qui ont arrêté de travailler et bloquent les grands axes, mais aussi d'autres professionnels dépendant du prix du carburant. Les taxis et ambulances se sont par exemple joints à la mobilisation.
Des conséquences pour les Espagnols
Cette grève d'ampleur n'est pas sans conséquences, en Espagne. Plus de transporteurs signifie la rupture de la chaîne d'approvisionnement, pour de nombreuses entreprises, comme Danone.
Le géant laitier a annoncé la semaine dernière que si un accord n'était pas trouvé pour mettre fin à la mobilisation, ses usines de produits laitiers et d'eau minérale ne pourraient plus fonctionner correctement, faute de matière première.
Ce n'est pas la seule enseigne dans cette situation. Des usines produisant du sucre, de l'huile, des conserves ou encore des pâtisseries ont dû fermer temporairement.
Les premiers inquiets en sont les supermarchés. La grande distribution espagnole craint une pénurie, et a demandé des mesures fortes au gouvernement pour faire cesser la grève.
Des aides qui dépassent le milliard d'euros
Et un accord a bien été trouvé, entre le Ministère des Transports et le Comité national du transport routier. Vendredi dernier, les deux parties se sont assises à la table des négociations, et le gouvernement a annoncé un plan d'aides qui dépasse le milliard d'euros.
Concrètement, les transporteurs ont obtenu une réduction de 20 centimes par litre sur le carburant, une réduction effectuée à la pompe, et qui devrait faire économiser environ 700 euros par mois à chaque poids lourd.
Cette réduction devrait être valable au moins jusqu'au mois de juin prochain.
Ce n'est pas la seule promesse du gouvernement espagnol. Il met aussi sur la table 450 millions d'euros, qui iront à toutes les entreprises touchées par la hausse du prix du carburant.
Chaque véhicule recevra une somme d'argent, allant de 300 euros pour chaque taxi à 1250 euros pour chaque camion, avec un plafond par entreprise.
Pas tous les grévistes sont satisfaits
Bref, un accord qui a su convaincre le Comité national du transport, mais pas tous les grévistes. La plateforme nationale en défense du secteur du transport, qui a lancé la grève, ne se dit pas satisfaite, et réclame de négocier elle-même avec le gouvernement.
Les représentants de cette plateforme n'avaient pas été invités aux précédentes réunions entre le Ministère des Transports et le comité, car ils n'ont pas été élus par le secteur et ne sont donc pas vus comme des représentants officiels. Ils appellent à continuer la grève.
Deux semaines après le début de la mobilisation, l'Espagne reste donc toujours paralysée, et craint des pénuries dans les supermarchés si la situation se poursuit.