L'annonce a été faite en grande pompe. C'est le projet de loi phare de la ministre de l'Egalité, Irene Montero, l'une des dirigeantes du parti de gauche radicale Podemos. Pour elle, il s'agit d'une immense avancée sociale et de la fin d'un tabou.
" C'est fini d'aller travailler en ayant mal. C'est fini de se gaver de medic avant de venir au travail et devoir cacher que pendant ces jours-là, nous vivons avec une douleur qui nous empêche de travailler. Toutes les femmes qui en ont besoin pourront utiliser ce congé temporaire pour règles avec douleurs invalidantes. Et nous sommes le premier pays d'Europe qui reconnaît la santé menstruelle comme faisant partie des droits sexuels et reproductifs des femmes dans une loi. "
L'arrêt menstruel devra être délivré par un médecin traitant. Pourront en bénéficier uniquement les femmes souffrant de règles dites invalidantes, c'est-à-dire avec une douleur intense, des nausées ou des crampes par exemple. Du côté des femmes espagnoles, le projet de loi est assez bien accueilli, c'est un pas de plus vers l'égalité hommes-femmes. Même si sa mise en application suscite quand même quelques interrogations.
Les syndicats craignent de nouvelles discriminations
Certaines entreprises mais aussi des syndicats craignent que cette nouvelle possibilité d'arrêt maladie menstruel et potentiellement mensuel mènent à de nouvelles discriminations et constituent un nouveau frein pour l'embauche et l'évolution des femmes. Cristina Antoñanzas est vice-secrétaire du puissant syndicat UGT.
" On ne peut pas, encore une fois, mettre tous les projecteurs sur les femmes, ce sera encore un moyen de nous discriminer quand nous chercherons un emploi ou au cours de notre carrière quand nous voulons accéder aux postes que nous souhaitons. "
La proposition doit maintenant passer devant le parlement pour être définitivement approuvée. Elle fait partie d'un vaste projet prévoyant également la distribution gratuite de produits menstruels dans les lycées.