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Chronique

Affaire des écoutes en Espagne

En Espagne, une affaire d'espionnage sème le trouble. Des membres du gouvernement auraient été espionnés via leur téléphone, mais aussi des indépendantistes catalans. L'affaire plonge le pays dans une crise politique complexe. Les explications de notre correspondante.

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3 min

C'est un véritable feuilleton que vit l'Espagne depuis maintenant deux semaines, avec chaque jour une nouvelle révélation. Le 19 avril dernier était révélée une affaire d'espionnage dont ont été victimes une cinquantaine d'indépendantistes catalans. Parmi eux l'actuel président de Catalogne Pere Aragonès, ainsi que ses prédécesseurs Quim Torra et Carles Puigdemont. C'est le logiciel israélien Pegasus qui a été installé à leur insu sur leurs téléphones portables. Le gouvernement indépendantiste catalan a alors annoncé rompre tout dialogue avec Madrid, alors que la tendance était plutôt à la réconciliation depuis quelques mois. L'Espagne est un " État anti-démocratique; un État démocratique n'écoute pas les conversations privées de ses adversaires " avait alors accusé le président catalan, rappelant que seuls les gouvernements ont accès à Pegasus. Et d'insister bien sûr sur la nécessité d'obtenir une Catalogne indépendante dès que possible.

Le gouvernement espagnol, lui, a nié que l'espionnage venait de lui. Puis quelques jours plus tard, la ministre de la Défense Margarita Robles l'a justifié à demi-mot en raison de la tentative de sécession survenue en 2017.

Cette semaine, nouveau coup de théâtre, le gouvernement espagnol révèle avoir lui aussi été espionné. En tout 200 portables espagnols auraient été visés à partir de 2019. Selon un premier rapport, c'est le Maroc, alors en froid avec Madrid, qui serait à l'origine de ces piratages. Mais personne ne peut encore l'affirmer. Pour les dirigeants catalans, l'Espagne cherche avec ces révélations à noyer le poisson. Et ils n'ont peut-être pas tort.

Le gouvernement de Pedro Sanchez en péril

Hier, la directrice du service de renseignements espagnols a comparu devant les députés et a indiqué que l'espionnage des portables catalans avait bien été effectué par ses services. Elle a même exhibé les autorisations judiciaires lui permettant de le faire. Preuve que la justice espagnole et donc les autorités espagnoles sont derrière l'affaire.

Toutes ces révélations mettent en péril le gouvernement de Pedro Sanchez. D'une part, les indépendantistes ne promettent plus leur soutien parlementaire, sans lequel le Premier ministre n'a plus de majorité. Plus grave encore, la gauche radicale de Podemos, qui gouverne en coalition avec les socialistes, hausse le ton et demande des comptes. Paradoxalement, seules la droite et l'extrême-droite soutiennent actuellement le gouvernement.

La démission de la ministre de la Défense, réclamée à la fois par certains secteurs de Podemos et par les indépendantistes catalans, serait un début de sortie de crise. Mais ce serait un sacrifice très coûteux pour Pedro Sánchez. Margarita Robles, en plus d'être un poids lourd du parti socialiste et du gouvernement, est la ministre la plus appréciée des Espagnols selon les enquêtes. Une chose est sûre, les indépendantistes ne lâcheront rien et pourraient bien profiter du scandale pour tenter de remotiver leurs troupes.